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Le jeu des sept fragrances

« Nous avons travaillé autour du concept d’intimité. Et qu’y a-t-il finalement de plus intime que la famille ? » Dans le clan Fendi, je demande Silvia, directrice artistique des collections homme et des accessoires, à qui l’on doit notamment le sac Baguette. C’est elle qui a souhaité cette série de parfums narratifs qui témoignent d’une dynastie de femmes puissantes. Sept créations comme autant de portraits compilés dans cet album de famille.
On y croise tour à tour Adele Casagrande Fendi, la matriarche, qui a fondé la maison de fourrure et de maroquinerie en 1925, Delfina Delettrez Fendi, l’actuelle directrice artistique de la joaillerie, ses jumeaux de 6 ans, Tazio et Dardo, Anna Fendi (mère de Silvia), mais aussi Kim Jones, le directeur artistique de la haute couture et du prêt-à-porter féminin.
Ces figures familiales deviennent les égéries de cette collection de haute parfumerie qui se reconnecte en permanence à ses racines sans jamais sombrer dans le suranné. Silvia Venturini Fendi précise : « Ces fragrances ne sont pas seulement inspirées par des membres de notre famille, mais aussi dédiées à certaines présences qui comptent beaucoup pour nous, dans le présent et le passé. »
L’évocation est souvent tendre, à l’image de Perché No, parfum talisman de Silvia, manifeste de simplicité, frais comme un drap qui sèche au soleil dans le jardin de Casali del Pino, la villa où la tribu se retrouve le week-end dans la campagne romaine. Entrée dans le giron du groupe LVMH en 2001, Fendi est une maison qui marie à parité sobriété et exubérance, austérité et sensualité.
Mais comment mettre un style en odeur ? Les parfumeurs Anne Flipo, Fanny Bal et Quentin Bisch se sont imprégnés de l’esprit de la marque chacun à sa façon. La visite de ce que les Romains appellent le Colosseo Quadrato (le Palais de la civilisation italienne), parallélépipède aux proportions exemplaires habillé de travertin immaculé, siège de la marque dont le flacon reprend la géométrie, a ainsi permis à Quentin Bisch, à qui l’on doit quatre des compositions, de poser une esthétique en trouvant une voie médiane « entre le baroque assumé et l’épure la plus moderne ».
L’une des plus belles traductions est probablement Casa Grande, portrait fidèle d’Adele, qui prend la forme d’un accord de cuir-cerise joyeusement décalé pour rappeler l’art de la griffe de colorer ses peaux et ses fourrures, y compris en fuchsia. Grâce à cette collection que l’on peut qualifier de « biographique », chaque femme de la famille Fendi n’a plus seulement un visage mais aussi un sillage.
Lionel Paillès
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